La solidarité est une valeur cardinale dans les coopératives d’activités et d’emploi (CAE). Deux exemples de mises en œuvre chez Coopaname et Elycoop.
« Pour nous à Coopaname, la CAE est fondamentalement un outil qui permet de créer des protections communes et de la sécurité autour des parcours professionnels de chacun et chacune. Nous expérimentons, par exemple, la mise en place de 3 fonds : un fonds d’investissement, un fonds de garantie des créances et un fonds de secours » indique Audrey Calmels, co-directrice générale de Coopaname, CAE basée à Paris.
Le fonds d’investissements a pour but de financer l’achat de matériel ou peut servir d’une avance de trésorerie pour acheter du stock en vue d’une commande client. Il est constitué par les coopérateurs·trices qui octroient des prêts jusqu’à 10 000€ par personne.
Le fonds de garantie des créances, mis en place en 2023, aura pour objectif de couvrir le défaut de paiement d’un·e client·e.
Une garantie financière supplémentaire
Le fonds de secours a vocation à apporter un soutien ponctuel à des situations sociales complexes et difficiles ayant un impact sur la continuité de l’activité. Dénommé le CASQUES, il permet de pallier les baisses de salaires et sera amené à traiter des situations comme le retour de congé maternité, l’arrêt maladie de longue durée, l’accident du travail, la grande précarité, etc.
Si ces prises en charge spécifiques existent pour tous·tes les salarié·es, elles ne suffisent pas toujours pour les coopérateurs et coopératrices. En effet, après un arrêt maladie par exemple, il est compliqué de reprendre le développement d’une activité quasiment au départ tout en ayant des contraintes supplémentaires (horaires, fatigue plus importante...).
Chaque entrepreneur·e contribue à ces fonds sur une partie de son résultat de fin d’année, et peut y faire appel en fonction de ses besoins. « L’intention est de renforcer nos solidarités internes, les mécanismes de solidarité nationale ne répondant pas nécessairement aux besoins de nos entrepreneur·es » ajoute la responsable.
Pour sa part, Elycoop, CAE installée à Villeurbanne près de Lyon, a mis en place un comité de soutien financier exceptionnel lors de la crise du Covid. Il a permis, sur les fonds propres de la coopérative, d’accorder des aides financières aux entrepreneur·es. Cette aide est toujours active. « Nous avons également pris en charge deux consultations, par entrepreneur·e, avec une psychologue externe. Il était important pour Elycoop de sécuriser financièrement les entrepreneur·es mais également d’apporter un soutien psychologique », indique Estelle Dufresnes, co-entrepreneure et membre du CA d’Elycoop. « Aujourd’hui, nous portons une réflexion sur un nouveau comité avec une ambition claire : « Zéro sortie d’entrepreneur·es de la coopérative subissant des difficultés liées à des contextes économiques et personnels extérieurs », affirme Estelle.
Des co-entrepreneur·es pour assurer la continuité des prestations
Au-delà de ces dispositifs, la CAE permet, par le biais de l’échange interne et en cas d’arrêt maladie d’un ou d’une entrepreneur·e, de maintenir sa prestation grâce au relais assuré par un·e autre entrepreneur·e. Une solidarité qui se manifeste également par le soutien aux familles comme en témoigne Laure Manuel, membre de l’équipe support et membre du CA : « Cet été, suite au décès d’un de nos co-entrepreneur, nous avons accompagné son épouse dans les démarches administratives notamment prévoyance et mutuelle ».
Ainsi, loin d’être un affichage de « communication », la solidarité est au cœur de l’identité des CAE. Elle se concrétise aussi bien dans les organisations qu’entre co-entrepreneur·es.
Propos recueillis par Florent Bellouard